À la veille des portes ouvertes de l’école Diwan de Châteaulin, les établissements locaux s’émeuvent du non-versement du forfait scolaire par de nombreuses communes. Des parents d’élèves de Diwan Kastellin et Diwan ar Faou sont intervenus, au conseil municipal de Pont-de-Buis, pour faire part de leur désarroi.
L’étau budgétaire se resserre sur les écoles Diwan. En proie à des difficultés financières, les écoles établissements de Châteaulin et du Faou interpellent, par courrier ou de visu, les communes avoisinantes pour financer leurs écoles. La semaine dernière, Zaïg le Pape et Karine Godec, respectivement présidente de l’Association populaire d’éducation de Diwan ar Fou et présidente des parents d’élèves de Diwan Kastellin, se sont ainsi invitées au conseil municipal de Pont-de-Buis.
L’échelon primaire étant du ressort des communes, les deux établissements sont financés en partie par leurs villes respectives. L’aide prend la forme d’un forfait obligatoire versé pour chaque élève scolarisé. Cependant, lorsque l’écolier vient d’une autre commune, celle-ci n’a aucune obligation légale de verser le forfait, sauf si elle n’a aucune école sur son territoire.
Or il est fréquent, dans les écoles Diwan, que les enfants viennent de territoires alentour, sans que la contribution ne soit versée par la commune d’origine. Au Faou, sur 57 élèves, 30 ne sont pas « financés ». Ils viennent de Pont-de-Buis, de l’Hôpital-Camfrout, d’Hanvec et de Rosnoën. À Châteaulin, ils sont 13 dans ce cas, originaires de Pont-de-Buis, Lopérec, Pleyben et Lothey notamment.
Tous les enfants sont censés recevoir une dotation de l’État. Est-ce qu’un écolier de Diwan a moins de valeur qu’un autre ?
Des recettes de plus en plus incertaines
Un manque à gagner de plus en plus intenable pour Zaïg Le Pape. Elle l’estime à 26 000 € par an pour son école du Faou. « Nous portons à bout de bras la préservation de la langue et donc de la culture bretonne, avec une éducation en immersion, gratuite et publique. Mais nous ne pouvons pas tenir seuls. C’est aux élus de prendre leurs responsabilités, insiste-elle. Tous les enfants sont censés recevoir une dotation de l’État. Est-ce qu’un écolier de Diwan a moins de valeur qu’un autre ? »
Outre la défense de la langue bretonne, les problèmes sont concrets. En quelques années, le nombre d’élèves a doublé à Diwan ar Faou. « Les locaux sont trop étroits et vétustes, estime Zaïg Le Pape. Nous avons besoin de travaux ». La fin des contrats aidés, qui payaient une partie du personnel, a porté un coup de massue. Il faut à présent compenser la perte. « On organise des levées de fonds, des événements. Mais avec la crise et récemment les gilets jaunes, ont fait moins recette », regrette Karine Godec.
Peu d’enthousiasme chez les maires
Chez les maires interpellés, on reporte la plupart du temps la réponse au prochain conseil municipal. « J’aborderai cette demande comme n’importe quelle autre », évacue Catherine Leporcq, maire de Lothey. À Pleyben, Annie Levaillant a fait une ristourne à l’association de Diwan Kastellin pour une future location de la salle. « On attendait mieux », déplore Karine Godec.
Derrière se pose le problème du sous-effectif des écoles rurales. « On est réticent à subventionner les écoles d’autres communes quand on a du mal à financer les nôtres ; à inciter nos enfants à partir, quand nos classes sont menacées de fermeture », explique Jean-Yves Crenn, maire de Lopérec.
À en croire l’édile, une classe fermée, c’est une école en danger, et tout l’équilibre de la commune fragilisé. « Les plats de la cantine sont préparés sur place, on s’approvisionne chez les commerçants locaux », abonde Dominique Bilirit, maire du Cloître Pleyben.
Comment concilier défense du patrimoine breton et écoles rurales ? En breton ou en français, le démêlé n’a pas fini de faire parler.
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